Abstract: |
<P>Le prolongement de la vie active des travailleurs âgés constitue un défi de
taille pour les politiques publiques dans un contexte de vieillissement de la
population et de sortie fragile d’une récession. Bien que le Québec émerge
relativement bien de la récession, il demeure que le phénomène de retraite
précoce (avant l’âge de 60 ans) demeure alarmant. L’approche moins coercitive
adoptée par le Québec, qui consiste à instaurer la retraite progressive et à
introduire des incitatifs pour dissuader la retraite anticipée, ne pourrait
donner les résultats escomptés que si les individus sont motivés à demeurer
actifs sur le marché du travail et, surtout, si les employeurs sont capables
de les attirer et les retenir. Or nous avons constaté une divergence entre les
aspirations des travailleurs âgés et les stratégies poursuivies par les
entreprises. Il apert que les employeurs, pris avec un déséquilibre
démographique de leur effectif en faveur des travailleurs âgés, ont tendance à
recourir à des stratégies de flexibilisation pour contenir leur masse
salariale. Le recours à la rémunération variable (basée sur la performance
individuelle ou collective) et le recours à la flexibilité numérique (temps
partiel et contrat à durée déterminée) sont des exemples de stratégies
poursuivies par les entreprises. Ces deux tendances coïncidaient avec un
vieillissement de la main-d’œuvre, une intensification de la concurrence
étrangère ainsi qu’une féminisation et une tertiarisation du marché du
travail. Bien que le travail à temps partiel puisse répondre au besoin de
flexibilité des travailleurs âgés, il ne répond que partiellement aux attentes
de ces derniers. Une meilleure qualité de travail (intéressant, moins
stressant ou moins demandant physiquement) et une flexibilité des conditions
de travail qui permettraient de concilier le travail et la vie personnelle,
sont des facteurs aussi importants que le travail à temps partiel dans la
décision de demeurer sur le marché du travail. Par ailleurs, bien que le
recours à la flexibilité numérique puisse être une voie prometteuse pour
attirer et retenir une main-d’œuvre vieillissante, elle présente des risques à
long terme. En effet, le recours accru à cette flexibilité pourrait générer, à
long terme, un sous investissement dans la formation et un manque d’accès aux
avantages sociaux, particulièrement les régimes de retraite. Alors que le
problème d’accès aux régimes de retraite fait partie des préoccupations
récentes des politiques publiques, celui de l’accès à la formation n’a pas eu
la même attention. Sachant que les travailleurs âgés seront appelés à changer
d’employeur, de profession et même de secteur d’activité s’ils veulent
demeurer actifs, l’acquisition et la mise à jour des compétences sont une
condition sine qua non à la réussite des stratégies qui visent le prolongement
de la vie active des travailleurs âgés. |